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Vincere - Marco Bellocchio

Vincere

Réalisation Marco Bellocchio - Drame historique
Avec : Giovanna Mezzogiorno, Filippo Timi, Fausto Rousso Alesi
Italie 2009 - ( 1h58 )

 


Le Duce (Mussolini, 1883-1945) créa le premier parti fasciste en Europe occidentale,
y fut le premier dictateur, avant Franco et avant Hitler.
Auparavant il avait été socialiste, antimonarchiste et anticlérical.
C'était un orateur démagogue, populiste dirait-on aujourd'hui.

Avec Vincere , Marco Bellocchio nous raconte
un épisode de sa vie qui n'a guère été traité par les historiens,
ni même par les journalistes à notre connaissance.
C'est au cours d'un meeting politique
qu'Ida Dalser (Giovanna Mezzogiorno), subjuguée par ses talents verbaux,
tombe éperdument amoureuse de Mussolini (Filippo Timi),
dont elle devient la maîtresse et dont elle aura un fils, Benito Albino.
Elle consacrera toute sa fortune à sa carrière politique.
Elle découvrira bien plus tard, alors qu'il s'approche du pouvoir,
qu'il s'est marié et qu'il a eu des enfants.
Elle avait pourtant obtenu qu'il l'épouse religieusement et reconnaisse leur fils.

Mussolini est un homme délirant, de type paranoïaque.
Télérama en voit la preuve dès 1907, quand il prononce le discours où il défie Dieu :
"Je lui donne 5 minutes pour me foudroyer.
Si je suis encore vivant passé ce délai, c'est que Dieu n'existe pas."
Cela nous est magistralement montré dans une scène du début du film.

Ida Dasler, elle, vit une passion amoureuse mais elle n'est pas délirante.
Elle va se battre toute sa vie pour affirmer qu'elle est la femme du dictateur
et que leur fils reconnu est son fils aîné.
Pour exercer le pouvoir sans contrainte, sans scandale,
Mussolini a fait falsifier l'état-civil de son fils
et disparaître les traces écrites de son mariage avec Ida…
non sans avoir auparavant reconnu le Vatican !
Pour se débarrasser d'elle, il la fait enfermer dans un asile psychiatrique, à Pergine.
On voit bien que les dérives staliniennes ont eu des précédents :
les asiles psychiatriques ont déjà servi aux dictatures pour la destruction de leurs opposants.
Ses appels au secours, ses lettres au pape ne changeront rien au destin d'Ida.
Elle mourra internée à Pergine (voir Télérama du 28/11/09/),
et son fils Benito Dalser sera arrêté à Milan en 1936.
Toutes les archives et tous les dossiers médicaux la concernant seront détruits,
ainsi que les pièces paroissiales attestant son mariage.

Dans ce film, on voit donc se dérouler parallèlement la descente aux enfers
d'une femme amoureuse, délaissée, humiliée,
et l'ascension vers le pouvoir dictatorial d'un homme qui va créer le fascisme.

Avec ses gros plans sur les visages,
ses reflets lumineux, ses clairs-obscurs,
ses recours à des images d'archives impressionnantes,
la mise en scène de Marco Bellocchio est splendide.
Somptueuse, même, nous dit Télérama .


Jacqueline et René Thibon


  Ce n'est probablement pas voulu.
Mais voilà un film qui entre étrangement en écho
avec la tentation de Jésus par la fascination de la prise de pouvoir,
au début des évangiles...
Sa condamnation pour motifs politico-religieux est d'ailleurs du même tabac !
Les prophètes d'Israël ont toujours dénoncé comme fragiles,
en dépit de toutes les apparences,
les pouvoirs et les sociétés fondés sur l'injustice et le mépris des humbles.
La suite leur a donné raison.
Le devenir du fascisme aussi.
Peut-être est-il salutaire de s'en souvenir,
tant pour rester lucides sur certaines dérives de notre monde
que pour ne pas baisser les bras...

ACF-Nimes


 

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