Cinéma
Très bien, merci - Emmanuelle Cuau
"Très bien, merci" .......- Comédie
dramatique -
Emmanuelle Cuau
Avec : Gilbert Melki (Alex), Sandrine Kiberlain (Béatrice) - Olivier
Cruvelier
France : produit en 2006, sorti en avril 2007 - (1h40)
Alex et Béatrice forment un couple sans histoire.
Tout bascule le jour où Alex, interloqué,
assiste sans mot dire à un contrôle policier d’identité,
un peu musclé.
La suite du film est un engrenage, absurde, kafkaien, implacable,
qui semble bien correspondre à notre monde actuel.
Ce controle de police nous fait entrer de plain pied dans l’actualité.
La réalisatrice nous précise :
“En 2002, quasiment du jour au lendemain,
la police s’est manifestée de façon flagrante...
j’ai été frappée par cela ainsi que par des controles
d’identité totalement arbitraires.”
Cela débouche sur la révolte d’Alex (remarquablement interprété
par Gilbert Melki)
devant ce controle d’identité intempestif
qui amène notre personnage à être considéré
comme atteint d’une impulsivité pathologique
et expédié 'fissa'... manu militari pourrait-on dire,
à l’hopital psychiatrique.
Il est vrai que ces histoires d’hopital psychiatrique,
qui nous laissent pantois et nous paraissent exagérées,
ont des antécédents étrangers notables :
"Vous ne respectez pas la loi, les représentants de la loi :
c’est la tête qui ne va pas."
Toutes les dictatures ont connu cela...
pourquoi les républiques à
gouvernements forts,
ou qui se veulent tels,
n’emploieraient-elles pas les mêmes moyens ?
Honte aux faibles, Gloire
aux forts...
On n’est plus là pour rigoler avec “la racaille”.
De la cellule de dégrisement de tous nos commissariats à l’hopital
psychiatrique,
le raccourci est rapide.
Mais il existe aussi dans la vie
et je pense que les
internes de garde connaissent de temps à autre de telles situations.
Heureusement, nous avons un service des urgences
où les malades restent 24h en attendant leur hospitalisation dans le
service adéquat !...
Il faut noter aussi que le secret médical est absolu, en France,
et qu'aucun médecin n’est en droit
de mettre un diagnostic sur un certificat d’arrêt de travail.
Ce n’est pas le cas dans ce film et nous nous en étonnons.
Dans le programme du “Sémaphore”,
à Nimes,
la réalisatrice nous dit: :
"J’ai connu quelqu’un qui a passé sa vie en hopital
psychiatrique
et qui me disait : 'Je ne suis pas folle mais je ne suis pas adaptée
à ce monde'.
Je la comprenais, c’est nous qui sommes fous de pouvoir.”
Cette période électorale peut difficilement apporter des éléments
permettant de réfuter ces affirmations.
Allez voir Trés bien, merci.
C’est une comédie bien réelle.
Gilbert Melki et Sandrine Kiberlain
sont à la hauteur des circonstances
et leur jeu, tiré vers le comique,
nous permet de rire à leurs dépens - à nos dépens
-
et d’échapper à ce que le sujet a de trop pessimiste,
de trop désespéré,
de trop “noir” en tout cas...
La fin vous surprendra sans doute !
René THIBON , Nîmes le26/04/2007
Au-delà de la situation décrite,
ce film ne serait-il pas, en effet, une sorte de parabole satirique de notre
société ?
Les effets de la "rationalisation"
des services,
dans de grandes administrations telles que les hopitaux ou dans certaines grandes entreprises,
ne manque pas d'évoquer ces situations kafkaïennes
où l'homme, devenu un pion,
est sommé de se plier à la "bonne" marche d'une machine
toute
pensée d'en haut,
et devenue à elle-même sa propre fin...
Les familles qui sont mal vues
parce qu'elles ont l'audace étonnante
de garder des enfants à naître atteints de handicap
et qui seront une charge inutile pour une société toute tournée
vers l'efficacité,
sont-elles logées à une
autre enseigne ?...
L'idéologie régnante, quelle qu'elle soit, et aujourd'hui comme
hier,
n'a-t-elle pas toujours tendance à frapper l'humain d'alignement ?...
Peut-être la comédie est-elle le moyen le plus adéquat pour
aborder sainement des sujets aussi graves....
ACF-Nimes
Arts - Cultures - Foi, délégation de Nimes
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